novembre 2024
Histoire
L’incendie dévastateur de Woolsey, en novembre 2018, a détruit plus de 1500 structures dans les comtés de Los Angeles et de Ventura. Parmi elles, le ranch au bardage de bois de Rob Wells, à Malibu. Ce cadre dans le secteur de la musique et sa famille ont évacué les lieux avant de connaître le sort réservé à leur maison. «Il est difficile d’exprimer ce que l’on ressent lorsque l’on regarde un nuage apocalyptique s’abattre sur un paysage familier», confie Robert Wells. C’est en voyant leur maison en proie aux flammes à la télévision qu’ils ont appris qu’elle avait été détruite. Il ne restait rien, à l’exception de quelques amas de métal carbonisés et tordus.
«Nous étions en train de discuter quand j’ai tourné la tête vers cette grande télévision. J’ai alors réalisé que c’était ma voiture, que c’était notre maison à l’écran», se souvient Robert Wells. Avec sa femme et ses enfants, ils ont d’abord dû faire face au traumatisme et à cette situation tout à fait nouvelle. Peu de temps après l’événement, Robert Wells a emmené ses enfants faire un tour près de leur ancienne maison.
«C’est quelque chose que nous avons toujours voulu faire et que l’incendie nous a obligés à faire. L’incendie a été le catalyseur.»
“I took a flyer and just drove them past. We approached it from the street. And I was like, ‘okay we’re going very slow.’ Just as it came into view, the silence in the car was completely palpable. It was like you could hear them breathing. And we saw there were trash cans that had basically melted like a Dali painting outside the house. And the kids just cracked up laughing. And then I started laughing. And we laughed for about 15 minutes, driving back into Santa Monica, where we were living at the time. I remember it being a release. It was a real cathartic moment.”
«J’ai joué le tout pour le tout et je les ai conduits là-bas. Nous nous sommes approchés depuis la route. Je me suis dit: «Allez, on y va tout doucement.» Au moment où la maison est apparue, il régnait un lourd silence dans la voiture. Je pouvais presque les entendre respirer. Puis, nous avons aperçu des poubelles qui avaient fondu comme une peinture de Dali devant la maison. Les enfants ont éclaté de rire. Et moi aussi. Nous avons ri pendant un quart d’heure en rentrant à Santa Monica, où nous vivions à l’époque. Je m’en souviens comme d’une libération. C’était un vrai moment cathartique.»
«Sortir quelque chose de la terre et être là, le voir changer au fil des jours, des semaines, des mois, des années, je pense que c’est extrêmement important. On a l’impression que cela fait véritablement partie de nous.»
La ténacité de Robert Wells, associée à la vision claire de ce que sa famille et lui désiraient et à la conception réfléchie de leur architecte Jonas von Studnitz, ont abouti à une maison spectaculaire entourée de nature et baignée d’une lumière douce, qui leur offre un mode de vie actif, à l’intérieur comme à l’extérieur. «C’est quelque chose que nous avons toujours voulu faire et que l’incendie nous a obligés à faire», déclare Robert Wells à propos du projet. «L’incendie a été le catalyseur.»
Robert Wells et sa famille ont vécu sur place pendant la majeure partie de la construction. D’abord sur leur «campement», qui comprenait une caravane, deux cabanes, une tente et une grande terrasse. Ensuite, dans une annexe construite en dehors du site, et enfin dans la maison elle-même. Cette expérience, qui n’a pas été sans difficultés, les a rapprochés. Elle les a également liés à la maison, leur donnant la possibilité de la superviser et de la comprendre au fur et à mesure de la construction. «Sortir quelque chose de la terre et être là, le voir changer au fil des jours, des semaines, des mois, des années, je pense que c’est extrêmement important», note Robert Wells. «On a l’impression que cela fait véritablement partie de nous.»
«Il est difficile d’exprimer ce que l’on ressent lorsque l’on regarde un nuage apocalyptique s’abattre sur un paysage familier.»
Le résultat final est une résidence en forme de L, avec des pièces s’ouvrant vers l’extérieur, et qui s’intègre parfaitement dans son environnement – océan, montagne et vallée. À l’avant, la structure entoure une grande piscine, une terrasse, une salle à manger extérieure et plusieurs espaces de loisirs, dont un pavillon de piscine, un centre de fitness, une rampe de skateboard et un terrain de basket. À l’arrière, elle s’ouvre sur un vaste jardin en pente, avec les crêtes accidentées de Malibu en arrière-plan. L’accent n’est pas tant mis sur la superficie que sur les espaces communs et extérieurs. «Nos enfants n’ont pas de chambres somptueuses», note Robert Wells. «En réalité, elles ne leur servent qu’à dormir et à travailler, voire à jouer aux jeux vidéo. Le reste du temps, ils sont à l’extérieur, dans la piscine, sur la rampe de skateboard ou sur le terrain de basket.»
Des rangées de grandes portes Sky-Frame habillent trois côtés du salon, permettant à la famille d’ouvrir presque entièrement la pièce (via une application, que Robert Wells adore montrer). La nature se donne en spectacle. «Il y a toujours quelque chose à voir», affirme Robert Wells. «Il y a un hibou qui passe tous les soirs à une heure précise. Il y a le coucher de soleil. La lumière qui traverse l’escalier menant à la terrasse sur le toit, créant des ombres rayées sur le bardage en cèdre.» Il ajoute: «C’est quasiment l’exact opposé du sud-est de Londres.» Une référence au quartier difficile où il a grandi. Il se remémore une séance photo organisée la veille. «Il y avait d’importantes couches marines; on pouvait voir le brouillard remonter le long de la crique. Mais c’était quand même une très belle journée.» Il ajoute: «Le matin, le ciel s’est éclairci. Certaines photos ont été prises sous un ciel bleu radieux, d’autres avec des arrière-plans très discrets. Chaque jour offre de nouvelles façons de voir les choses.»
Des fenêtres à claire-voie et des puits de lumière permettent d’apporter une lumière supplémentaire de manière échelonnée et nuancée. Une sorte de cascade de lumière, comme le décrit Robert Wells. «C’est très nuancé; vous savez que le soleil se déplace d’une certaine manière à tel moment de la journée ou de l’année.» La partie commune s’ouvre sur des espaces supplémentaires également baignés de lumière et offrant une vue imprenable. Il y a ce couloir vitré qui borde la piscine. La douche extérieure installée près de la chambre principale, qui communique elle-même directement avec l’extérieur grâce à des fenêtres en angle. Et puis le panorama qui se déploie lorsque l’on monte à l’étage et que l’on accède à une terrasse sur le toit.
«C’est ça la vie en Californie», souligne Robert Wells. «La raison pour laquelle nous vivons ici, c’est en grande partie la nature. Nous voulons que le plein air fasse partie de notre vie... Nous faisons du surf, du VTT, du snowboard et du wake surf.» La sensation profonde d’ouverture est contrebalancée par un sens subtil de l’intimité et de la protection. Cette dernière est indispensable dans un endroit où les éléments – soleil, vent, feu, pluie – parfois cruels peuvent être tempérés par l’utilisation de matériaux naturels et de stratégies passives qui minimisent l’impact sur l’environnement. Le bâtiment, ombragé par des surplombs, est orienté de manière à ce que ses éléments solides protègent le site des vents dominants. «Si nous nous concentrions uniquement sur la vue sur l’océan, la propriété serait trop exposée», confirme Robert Wells. Nous avons l’avantage d’avoir une vue sur l’océan, et c’est formidable. Mais pour moi, c’est la vue sur la montagne qui est la plus belle.»
Une zone tampon constituée d’arbres et de paysages indigènes crée un périmètre de protection contre les incendies, tout comme des surfaces robustes en bois dur. Bien qu’étant sécurisée, la maison ne sacrifie pas sa durabilité, ni l’utilisation de matériaux naturels. «Ma femme et moi sommes très sensibles à l’impact environnemental. Nous ne voulions pas d’un amas de matériaux composites», explique Robert Wells, qui a installé un panneau solaire sur le toit de la maison, lequel chauffe la piscine et fournit une précieuse énergie de secours. «Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour limiter l’utilisation des ressources naturelles de la planète.» Rien ne garantit que la maison ne sera pas à nouveau engloutie par les flammes. Pas plus qu’un bunker fermé, d’ailleurs. «La Californie a toujours brûlé», explique Robert Wells. «Il y a ici des plantes et des espèces qui ne germent que par le feu. On peut atténuer le risque, mais on ne peut pas le supprimer.» Il ajoute: «On recommencerait tout. C’est juste du matériel.»
«Nous avons vécu des expériences folles», conclut Robert Wells. «C’est une expérience qui nous a fait grandir et nous a définitivement rapprochés. Cela n’a pas été sans heurts, je le reconnais, mais le fait de partager cette expérience en famille s’est révélé très précieux. Je pense que nos enfants se rendent compte de ce qu’il a fallu pour construire cet endroit. Non seulement du temps et de l’énergie de notre part et de celle de l’équipe, mais aussi des ressources financières et émotionnelles; sans oublier tout ce que nous avons dû traverser spirituellement en tant que famille pour donner vie à ce bâtiment. Je pense qu’ils le comprennent, et je pense que c’est pour cela que c’est très spécial.» Il ajoute: «Nous vivons dans une belle maison neuve avec une vue magnifique. C’est la maison de rêve que nous avions imaginée lorsque nous avons acheté la propriété.»
À propos de Rob Wells
Rob Wells est CEO d’Orfium, une plateforme de gestion des droits musicaux et de découverte d’artistes. Dirigeant primé de l’industrie musicale, il dispose de 25 ans d’expérience entre BMG et Universal Music Group (UMG), tant au Royaume-Uni qu’aux États-Unis. Depuis son arrivée en tant que CEO en 2017, Robert Wells a transformé Orfium en un partenaire puissant pour la plupart des grandes maisons de disques et éditeurs de musique.;
Architecture: von Studnitz Architects
Film: Borís Noir
Texte: Sam Lubel