octobre 2024
Référence
La maison Aviation 6 présente une architecture moderne : la justesse des proportions remplace toute forme de décoration, les façades maçonnées sont percées de baies qui sous-tendent l’horizontalité de la composition. Le terrain présente un plateau situé 1m sous le niveau de la voirie. De ce fait, le bâtiment affiche une hauteur qui n’excède pas 5.00 mètres au-dessus du niveau de la voirie. Son impact visuel est réduit.
Les couronnes des grands arbres présents en nombre à l’intérieur de l’îlot coiffent la composition : la végétation prime sur le bâtiment. L’orientation, à priori peu favorable, a été mise à profit pour créer différents jardins qui sont tantôt ensoleillés, tantôt ombragés. Des espaces paysagers différenciés, tantôt ouverts, tantôt contenus, permettent de profiter du jardin à tous moments de la journée.
Les retours importants de baies sont prolongés, à l’intérieur, de voiles de béton apparents de même teinte. Plus loin, des volumes réalisés en bois de chêne brossé achèvent la composition. Les matériaux ont été sélectionnés et mis en œuvre pour ne pas subir les assauts du temps : la patine remplace le vieillissement.
La façade à rue est en recul de quelques 10 mètres au rez-de-chaussée, de 8 mètres au niveau +1 qui présente un porte-à-faux pour apporter de l’ombrage aux pièces de vie du rez-de-chaussée. Ce porte-à-faux va plus loin à l’intérieur de la maison, comme si le soleil couchant voulait soulever l’ouvrage pour éclairer profondément la maison. A l’Est, les deux façades latérales reposent solidement sur le sol pour former un cadre au paysage.
Les briques de façade réalisées à l’aide de terre d’argile grise sont longues et fines; le rejointoiement surfacique de même teinte procure la masse souhaitée. Un soin tout particulier a été apporté à l’intégration des techniques. Les cadres dormants des menuiseries extérieures sont intégrés au gros-œuvre afin d’affirmer avec force le contraste entre la masse du gros-œuvre et la délicatesse des ouvrants dont le cadre n’excède pas 2 cm de large.
Les menuiseries intérieures sont dessinées pour former des volumes de bois où chaque joint a sa fonction. Les portes sur pivot sont « plans » avec les menuiseries lorsqu’elles sont fermées, elles se présentent comme des « feuille libres dans l’espace » lorsqu’elles sont ouvertes. Ici, pas de poignées appliquées : les prises de main sont extrudées dans la matière. Les interrupteurs sont les seules excroissances autorisées : des petits cylindres de 4 mm qu’il suffit d’effleurer pour remplir la fonction.
Et, comme il n’y a pas de limite à l’architecture, prendre de l’eau a également été repensé: depuis la conception originale du robinet jusqu’à la mise au point de sa plus petite composante menée avec CEA, il s’agit d’appliquer sans relâche la même volonté : nettoyer le superflu pour ne garder que l’essentiel.
L’articulation des matériaux a été dictée par la dominance du plus fort par rapport au plus faible : le béton traverse le bois du sol - ce qui explique l’absence de plinthes -, le plafond gagne sur le bois des menuiseries. Un joint creux de 9 mm articule chaque composante pour former ce que nous avons appelé « le joint d’ombre »
Les aires de marches extérieures, tout comme le sol du garage et des douches, sont réalisées à l’aide de petits pavés de porphyre Portugais. Le profil de rive en aluminium éloxé naturel présente un « casse-goutte » tangent à l’angle de vue ; il est presque invisible.
Les pièces de vie sont organisées au rez-de-chaussée. Le séjour présente une baie de 9 mètres de large qui s’ouvre sur le jardin ; aucune colonne ne vient perturber cette ouverture, les deux seuls montants du coulissant ponctuent la baie.
A l’Ouest, largement ouverte sur le jardin à rue, la cuisine bénéficie d’une atmosphère intimiste ombragée par les fleurs, puis les feuilles des amélanchiers dont les troncs sculptés ponctuent la pelouse et les terrasses pavées de porphyre.
Le plan est libre et les espaces sont ouverts, l’intimité des fonctions est cependant assurée par le volume de l’arrière-cuisine flanqué, côté séjour, d’un feu ouvert dont le foyer est dépourvu d’angles vifs ; l’infini se lit pour mieux faire danser les flammes.
Installé entre deux voiles de béton qui définissent un double volume contenu, l’escalier mène à l’étage tout en initiant une des deux perspectives traversantes de l’étage. Ici encore, les seuls 3 matériaux composants de l’architecture : le béton, le bois, le verre – et donc la lumière - , colorent la promenade architecturale.